Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Phoenix Land
3 février 2008

Georges Hyvernaud - La peau et les os

Je viens de finir un super bouquin :
La peau et les os, de Georges Hyvernaud

DSCN2850red

4e de couv' :
"En Juin 1940, des centaines de miliers de vaincus s'acheminent vers les stalags sous les coups et les cris du vainqueur. Georges Hyvernaud, instituteur charentais, marche dans ce troupeau en guenilles, hébété de faim, de fatigue et de honte.
Au bout du voyage, cinq ans de nuit et de boue. Dix-huit cent jours d'humiliation, de promiscuité répugnante, de pestilence et d'abjection.
Le prisionnier de guerre est cet homme nu, privé d'identité, d'espoir et de rêves. "La peau et les os" est un témoignate impassible sur le cauchemar, le vide, la mort.
Ce livre terrible, chef-d'oeuvre longtemps oublié, est aussi un acte magnifique d'exorcisme et de libération."

Découvert l'année dernière lors de mes recherches pour un dossier (pour la fac) sur Primo Lévi, j'avais acheté ce petit livre (158 pages) pour 3 francs 6 sous à la Fnac. N'ayant point eu le temps de le lire, il est resté planqué sous une pile d'autres livres jusqu'à un rangement récent de ma bibliothèque.
Aujourd'hui, j'ai eu envie de le lire.
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Ce fut un vrai régal !

Ce livre est rempli... de vide ! Et c'est ce qui fait toute sa richesse !
Étonnant, n'est-ce pas ?
L'auteur nous transporte dans son univers avec un vocabulaire parfois cru, mais tellement réel. On se croirait alors dans un monde irréel, dont seul l'auteur peut nous sortir (je n'ai pas pu décoller mon nez avant la fin).
L'écriture est fluide, et l'histoire, grave, est pourtant abordée avec la plus grade simplicité qui soit.

Le plus impressionnant, c'est le caractère intemporel des situations (hors contexte des stalags, lorsque l'auteur raconte "l'après") : rien n'a changé depuis 1945 ! Les attitudes et comportements sont les mêmes qu'il y a 63 ans, c'est effarant.

J'ai eu un fou rire, page 116, qui d'ailleurs m'a choqué; le reste du temps n'a été qu'absorption. Et, autant la lecture de Si c'est un homme, de Primo Lévi, m'avait laissé un goût amère, autant ce livre m'a permis de re-découvrir la vie (ou plutôt, "la non-vie") des prisonniers de guerre comme elle n'est pas racontée dans les livres d'histoire ou les autobiographies (qui sont, malgré tout, censurées).

Cependant, je ne conseillerai pas ce livre à tout le monde.
Je pense qu'il peut choquer certains esprits finalistes ou croyants.
Mais je le conseillerai vivement à toutes les âmes qui ont souffert jusqu'à ressentir ce "vide". Là, elles trouveront des mots sur ce sentiment, et du recul par rapport à la philosphie de la vie.

Publicité
Commentaires
Publicité